Les agriculteurs du GIEE Fertilité des sols nous dévoilent les résultats de leurs essais cultures associées entre 2021 et 2022.
Dans un contexte où le coût de la fertilisation a été multiplié par 2,5 entre 2020 et 2022, les agriculteurs du groupe modifient leurs pratiques. L’intérêt est de gagner en résilience économique ET environnementale.
La réflexion est partie d’une observation d’Elie (animateur du groupe) en voyant deux pots de fleurs dans sa cour. L’un sans trèfle et l’autre avec. Comme vous pouvez le constater sur la photo, la différence est flagrante !
Les objectifs de l’essai sont multiples:
- économiser de l’azote
- produire du fourrage entre deux cultures
- introduire un blé de colza sans travail du sol
Le protocole
Le colza a été semé en pure le 30 août 2021 au combiné de semis sur un terrain déchaumé après une orge. Le lendemain, l’agriculteur a semé les légumineuses au combiné de semis en relevant la herse rotative au maximum. Voici les quantités semées :
- Lotier corniculé à 8 kg/ha
- Trèfle blanc à 3,5 kg/ha
Pourquoi choisir ses espèces ?
Elles couvrent sous le colza, ne montent pas au moment de la récolte et produisent de la biomasse après la récolte.
Zoom sur les caractéristiques de ces légumineuses
Il est important de préciser que les légumineuses lèvent plus facilement en condition chaude, à partir de 5 °C, mais l’idéal pour leur développement est autour de 20 °C.
Trèfle blanc:
- pluriannuel (4 à 5 ans)
- résistant au froid
- météorisant
- vitesse installation moyenne
- terres saines à séchantes
source: chambre agriculture
Lotier corniculé:
- pluriannuel (2 à 3 ans)
- résistant au froid
- vitesse d’installation lente
- terres saines et acides
source: semences de france
Lors du tour de plaine du 28 octobre, le lotier était plus développé que le trèfle blanc. Cette observation montre l’intérêt de connaître son type de sol pour semer la bonne espèce et ainsi avoir une levée dynamique.
Récolte du colza
Cinq jours après la récolte (début août 2022), le trèfle et le lotier étaient bien présents avec une couverture à l’avantage du lotier.
Les cannes de colza ont été broyées laissant les légumineuses se développer. Il faut aussi remarquer que la partie couverte par les légumineuses reste très propre.
Le trèfle, le lotier et quelques repousses de colza se sont tellement bien développés que des brebis sont venues réguler le couvert à partir de mi-septembre.
Semis du blé et perspectives
Une fois la parcelle pâturée, l’agriculteur a fait appel à un collègue pour semer le blé en direct.
La suite pour 2023 sera:
- essayer différentes modalités de fertilisations azotées
- mettre en parallèle le rendement et la qualité des grains
- analyser la différence de salissement entre la modalité avec couvert et la modalité sans
- réaliser une étude économique comparative
Analyse
Certes l’essai n’est pas encore terminé mais il est possible d’en ressortir plusieurs observations intéressantes.
- semer un colza associé et réalisable sans investir dans un nouveau semoir
- bien connaître son sol pour savoir quel type de légumineuse semer
- un couvert bien implanté résiste mieux aux périodes de sécheresse et de forte chaleur, c’est donc un bon moyen pour anticiper une période avec un manque de fourrage
- si vous n’avez pas de semoir de semis direct à disposition, il est possible de réaliser un passage de déchaumeur puis semer avec un combiné le plus tôt possible
- il est important de bien observer la flore adventice avant le désherbage car si présence de graminées, un glyphosate sera conseillé, sinon un metsulfuron suffira à calmer le couvert
Merci à l’Agence de l’Eau Artoi-Picartie et au GEDA du Ternois.
Pour toutes questions par rapport à cet essai, vous pouvez contacter Elie Casiez, animateur du GIEE au 06.40.71.90.91
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