Rencontre de Sophie Wieruszeski, chargée de mission en agroécologie et expérimentation depuis 6 ans à la Chambre d’agriculture de l’Oise: “Au GIEE Semis Direct Avenir 60, Chacun vient avec des questions et repart avec des idées”

Bonjour Sophie, quel est ton métier? Quel GIEE accompagnes-tu?

“J’ai 2 missions principales à la Chambre d’agriculture de l’Oise : je m’occupe des essais régionaux de la Chambre d’agriculture et je suis animatrice de groupes d’agriculteurs en agriculture de conservation des sols.
Celle-ci, mise en place pour lutter contre les problèmes d’érosion et d’épuisement des sols, repose sur 3 piliers:

  • la réduction du travail du sol
  • la couverture du sol
  • et la diversification de la rotation.

A l’origine, plusieurs agriculteurs commençaient à s’intéresser au semis direct qui est l’une des voies possibles de l’agriculture de conservation des sols, vers 2012, 2013, dans le cadre de plusieurs CETA et GDA. Ils se sont regroupés pour demander un accompagnement spécifique via la Chambre de l’Oise.
Officiellement, le groupe thématique « Semis Direct Avenir 60 » a été créé début 2014 : comme il n’y avait pas de référence dans la région, ils ont décidé de se regrouper pour commencer par échanger, réfléchir ensemble, partager leur retour d’expériences : tours de plaine, formations spécifiques, invitations d’experts, début des essais sur leur ferme.
Aujourd’hui, le groupe compte une quarantaine de membres avec des niveaux très différents: certains déjà bien avancés dans la technique, d’autres encore débutants. Parmi les plus avancés, 10 agriculteurs en grandes cultures et cultures industrielles ont demandé à être labellisés GIEE en 2017, “le GIEE Semis direct Avenir 60”
Leur objectif : trouver des solutions pour gagner en performance et permettre au système d’être plus résilient.

Il est porté par l’association “Semis direct Avenir 60” animée par la Chambre d’agriculture de l’Oise.

“Le groupe s’étale sur l’ensemble du département de l’Oise c’est ce qui en fait sa force et sa richesse. Hétérogène par leurs contextes pédo-climatiques, le point commun de tous ses agriculteurs est leur volonté à toute épreuve d’augmenter et d’améliorer la vie de leur sol. En effet, le bon niveau de fertilité chimique, physique et surtout biologique est un enjeu important dans les sols fortement sollicités de l’agriculture d’aujourd’hui. »

Avec cette finalité commune, le GIEE a fixé 3 axes principaux de travail:

  • Tout d’abord, nous avons choisi de tester l’intérêt agronomique et économique de systèmes de cultures innovants adaptés au semis direct
  • Le second axe est le travail sur la couverture du sol et notamment sur comment mobiliser et optimiser les couverts végétaux comme alliés agronomiques de nos systèmes
  • Et enfin de tester l’efficacité et la faisabilité de l’utilisation des biocontrôles dans la réduction des produits phytosanitaires

Globalement, le GIEE travaille sur l’amélioration globale du système, en partant du principe qu’avec un sol vivant qui fonctionne bien, les plantes qui y poussent sont en meilleure santé et donc le besoin ou dépendance aux intrants chimiques diminue. Les couverts végétaux et les produits de biocontrôle dans une moindre mesure sont des outils qui peuvent être mobilisés pour résoudre les problèmes et produire autant et mieux sur des sols vivants.

Comment le GIEE fonctionne-t-il?

La dynamique de groupe permet d’avancer plus vite et plus loin, en partageant aussi bien ses réussites que ses échecs. Chaque année, des réunions techniques, des tours de plaine, des visites d’essais et des formations permettent aux agriculteurs d’échanger sur leurs pratiques, de voir ce que font les autres membres du collectif et de répondre à leurs questions techniques.

Le but de ces rendez-vous est que chacun, pour reprendre les mots d’un des membres du groupe, «vienne avec des questions et reparte avec des idées».

Chaque année des essais sont mis en place chez les agriculteurs et sont la base du travail du GIEE. Les thèmes d’essais ainsi que les modalités à tester sont discutés collectivement.

En mettant en place des essais chez chacun des agriculteurs, on dilue la prise de risque, on augmente le nombre d’essais et on mutualise les résultats. C’est l’ensemble du groupe qui bénéficie de références de plus d’une dizaine essais chaque année.

Consultez les essais menés en cliquant ici

Enfin, le groupe a une réelle volonté de communiquer, de partager et d’échanger, c’est pourquoi, une page Facebook a été créée en février 2018 afin d’échanger avec le grand public et les agriculteurs intéressés par le projet et différents événements de communication (fermes ouverts, stand, etc.) ont été organisés.

Le GIEE Semis direct Avenir 60 est un groupe très ouvert et nous travaillons avec différents partenaires: des institutionnels comme la Chambre régionale d’agriculture des Hauts de France, Agro-Transfert Ressources et Territoire ou encore l’école d’ingénieur UniLasalle mais aussi d’autres groupes d’agriculteurs comme les groupes Dephy ou le groupe 30 000 Sol Avenir 60 travaillant sur le thème de l’adaptation de l’agriculture de conservation des sols en système de cultures industrielles (betterave, pomme de terre) en partenariat avec l’agence de l’eau Seine Normandie.

Pour terminer, nous avons un principe dans le GIEE c’est de ne jamais cloisonner les techniques et les types d’agriculture: agriculture biologique, agriculture de conservation, agriculture conventionnelle, agriculture de précision. Nous voyons l’agriculture d’aujourd’hui comme une boîte à outils dans laquelle nous pouvons piocher des techniques et des méthodes que nous pouvons utiliser en l’adaptant à notre contexte et notre terroir.