C’est quoi UNILET et quelle est sa finalité?

UNILET est l’interprofession des légumes destinés à la conserve et au surgelé. Elle est financée à parité par deux collèges, producteurs et industriels, qui ont identifié des problématiques de filière qu’ils souhaitent résoudre en collectif. Ils mettent des moyens en commun pour trouver des solutions, notamment grâce aux expérimentations qui sont menées chaque année.
La recherche d’alternatives aux produits phytosanitaires fait partie des priorités de travail et a débuté avant même le premier plan Ecophyto dans le but d’assurer la durabilité des pratiques et de répondre aux attentes des consommateurs, avec des gammes telles que le bio ou le “zéro résidus de pesticides”, ou la mise au point d’outils et d’itinéraires de production permettant de réduire l’emploi des produits de synthèse. L’adaptation au changement climatique est une préoccupation plus récente qui prend également de l’ampleur.
Les stations d’expérimentation sont implantées au cœur des bassins de production : Bretagne, Nouvelle-Aquitaine et Hauts-de-France, le siège étant basé à Paris. Elles travaillent de façon concertée au profit de l’ensemble des professionnels de la filière. L’équipe UNILET des Hauts-de-France est composée de 9 personnes : 2 ingénieurs et 4 techniciens en charge des expérimentations, une chargée d’information, une documentaliste et une assistante. Elle est renforcée par du personnel saisonnier du printemps à l’automne.

Est-ce que certains de vos projets sont financés dans le cadre d’Ecophyto ?

En dehors des projets partenariaux qui contribuent à modifier les pratiques de culture des légumes dans le territoire tels que le projet Minipest, et de l’animation du BSV légumes d’industrie, nous manquons de soutien pour le financement de nos travaux, bien que nos besoins soient nombreux.

Quelles sont les spécificités de la région Hauts-de-France concernant les légumes ?

Notre région se prête bien à la production légumière car nous avons:
  • des sols fertiles et bien adaptés, qui comprennent également des zones sableuses (côte picarde et Aisne) propices aux cultures de légumes-racines telles que la carotte ou le salsifis
  • des producteurs spécialistes des productions végétales
  • des rotations assez longues et équilibrées, qui alternent cultures de printemps et d’hiver, limitant ainsi les problèmes d’enherbement et de maladies
  • un accès à l’irrigation, indispensable pour certains légumes. Même si les apports d’eau sont relativement modestes puisqu’ils ne font que compléter la pluviométrie sur des périodes assez courtes (le cycle de nombreux légumes dure 2 à 3 mois), l’irrigation est indispensable pour éviter des problèmes de qualité rédhibitoires liés au manque d’eau: formation de fil et de grains dans les gousses de haricots, jaunissement des feuilles d’épinard, déformation des racines de carotte…
L’implantation des industriels en Hauts-de-France n’est donc pas un hasard !
Historiquement, leurs partenariats avec les organisations de producteurs fonctionnent depuis plus de 60 ans pour les plus anciens. Les industriels belges viennent également s’approvisionner sur notre territoire.
Les pois et les haricots sont les deux principales cultures de la région et représentent 80% des surfaces de légumes destinés à la conserve et au surgelé. Les Hauts-de-France sont par ailleurs la première région française de production de petits pois, flageolets, carottes, salsifis… Au total, nous suivons une quinzaine d’espèces légumières différentes.

Quels sont les effets bénéfiques des légumes types pois, haricots sur la rotation et la réduction d’intrants ?

Les légumes permettent une diversification dans les rotations et leurs cycles courts s’intercalent facilement avec d’autres cultures. Certains en tant que légumineuses n’ont pas besoin de fertilisation azotée et laissent même dans le sol des reliquats intéressants pour les cultures suivantes. La présence de cultures en végétation durant l’été est par ailleurs favorable à la biodiversité.

Avez-vous des innovations, des méthodes particulières à partager ?

1- Nous menons de nombreuses expérimentations pour gérer l’enherbement, les maladies et les ravageurs des cultures légumières. Par exemple:

  • Mise au point d’itinéraires de désherbage mécanique qui ont démarré sur les cultures à écartements importants (haricots, carottes) et se poursuivent sur des légumes avec des inter-rangs plus faibles (pois, épinards).
  • Pulvérisation ciblée sur les adventices grâce à une rampe pilotée par capteurs et Intelligence Artificielle. Ce système est au point sur oignon et en cours d’adaptation sur haricot et épinard.
  • Evaluation de produits de biocontrôle: plus de 600 essais ont été menés depuis le lancement du premier plan Ecophyto en 2008. Ils ont permis d’identifier plusieurs solutions d’intérêt, couramment utilisées pour certaines, mais d’autres attendent encore l’aboutissement de leur dossier d’homologation.
  • Réduction des traitements fongicides via l’utilisation d’Outils d’Aide à la Décision numériques qui modélisent le développement de maladies et permettent d’intervenir uniquement quand le risque est au-dessus d’un seuil d’alerte : sur sclérotiniose du haricot et mildiou de l’oignon.Ces innovations permettent de réduire les doses de produits phytosanitaires utilisées ainsi que le nombre d’interventions, selon les conditions de la parcelle, sans prise de risque supplémentaire.

2- Nous collectons aussi les pratiques individuelles de nos producteurs afin d’analyser les différentes stratégies de protection des cultures. Cela permet aux organisations de producteurs de se situer les unes par rapport aux autres, d’identifier leurs forces et leurs faiblesses, et de définir une trajectoire de progrès.

3- Une autre de nos priorités est de communiquer les avancées et les résultats techniques en direct à nos adhérents via une revue, des guides pratiques, un site web, une newsletter, des visites d’essais et des réunions régionales.

Une partie de nos programmes de recherche et d’expérimentation est réalisée en partenariat avec les autres structures régionales comme le Pôle Légumes Région Nord, Terres Inovia, Agro-Transfert Ressources et Territoires, les Chambres d’agriculture, la FREDON…
En savoir plus sur le Site internet UNILET (legumes-info.fr)

Quelques chiffres clés sur la filière

Légumes pour la conserve et le surgelé = ⅓ des surfaces de légumes cultivés en France
¼ des légumes consommés par les Français
Hauts-de-France = 1ère région française avec 45% de la production, grâce à :
  • plus de 2000 agriculteurs regroupés dans 6 organisations de producteurs
  • 5 groupes industriels et 7 usines de transformation
  • plus de 20 légumes cultivés sous contrat sur 33 000 ha

Interview de Brigitte Hopquin, cheffe de station UNILET de Dury (Amiens), responsable Infos & documentation (brigitte.hopquin(at)unilet.fr)