Interview de Marie Levaast, ingénieure conseil au sein de la Chambre d’agriculture de la Somme (conseils techniques aux agriculteurs), et animatrice d’un réseau DEPHY polyculture-élevage créé en 2010 dans le Vimeu
Depuis combien de temps exerces-tu ce métier?
“Je suis arrivée au sein de la CA80 en septembre 2020. J’ai travaillé auparavant au sein d’une coopérative pendant 3 ans, après un BTS en production végétale à l’institut de Genech et un diplôme d’ingénieur à Unilasalle à Rouen.
Le groupe DEPHY que je pilote est constitué de 13 agriculteurs en polyculture élevage. Le groupe est situé au sein de la petite région agricole du Vimeu. La plupart des membres du groupe sont en protection intégrée depuis des années. Au niveau des cultures elles sont assez diversifiées : blé, betteraves, lin, maïs, escourgeon.”
Quelles thématiques travaillez-vous?
“Nous travaillons sur la réduction des intrants bien sûr, mais également sur l’autonomie alimentaire et les techniques alternatives. Les agriculteurs testent et innovent, mais toujours dans le souci de maintenir leur niveau de production actuel (qu’ils estiment plutôt bon).
Par exemple, cette année, deux d’entre eux ont testé sur 3 parcelles par exploitation, le désherbage mécanique sur maïs avec une herse étrille et 0 phytos. Les conditions de l’année leur ont permis d’obtenir un niveau de résultat satisfaisant. Ils sont prêts à réitérer l’opération l’an prochain.
Ils ont hâte de présenter leur expérience à leurs collègues et plus largement aux agriculteurs de la Somme pour les inciter à réaliser ce genre de pratiques quand c’est possible.
Au printemps, nous avons aussi mis en place une plateforme “vitrine” avec des cultures à bas niveau d’intrants (lentille, pois chiche, pois cassé, lupin, soja) chez l’un des agriculteurs volontaire. Installée au milieu de la parcelle de soja d’un hectare. Initialement nous souhaitions récolter cette parcelle pour l’autonomie alimentaire de l’éleveur. Malheureusement, les conditions de désherbage n’ont pas permis d’obtenir une culture exploitable à cause d’une présence trop importante d’adventices.
Par contre, la vitrine a servi de support pour accueillir d’autres agriculteurs et le lycée agricole du Paraclet. Elle a donné lieu à de nombreux échanges sur ces nouvelles cultures et a donné envie à certains de se lancer vers ce type de productions.”
Quel est votre objectif?
« Répondre à leurs attentes, leur faire découvrir ce qui est possible ou non en l’appliquant à leurs propres exploitations, et bien sûr les aider à maintenir leur marge.
Communiquer vers l’extérieur et faire savoir que des agriculteurs sont moteurs et qu’ils souhaitent faire avancer leur métier. »
Avez-vous une anecdote sympa à nous raconter?
“Je me souviendrai toujours de la première réunion faite seule avec le groupe : j’avais opté pour leur présenter peu de contenu. J’avais misé sur l’improvisation et leurs échanges. Ma volonté était de les écouter et les laisser force de propositions. Bonne idée : après un bon coup de pression, cela a fonctionné ! Ils m’ont transmis leurs attentes, et les échanges ont été très constructifs. Nous avons bâti le programme de l’année et orienté nos travaux autour la problématique de la gestion des prairies, cet automne.
Nous prévoyons de réaliser une démonstration de sur-semis de prairie en septembre. On se retrouvera ensuite en octobre-novembre pour constater la réussite (ou non !). Nous avons demandé à des experts du Gnis et d’Arvalis pour nous accompagner.”
Contact: Marie Levaast, animateur groupe DEPHY
Bonjour pourquoi ne pas tester la luzerne comme culture bas intrant, les nouvelles variété type Volga … sont productives. Pour les prochaines années elle peut permettre de pallier aux couts des engrais azotés. Remplacer 30% de la sole maïs par cette culture en l’ associant à la technique du séchage ventilé en balles rondes ou carrées avec de l’ air réchauffé ou déshumidifié. Pour les éco-régimes de la PAC ça peut être un atout et quelques haies ou alignements d’ arbres pour le bien-être animal peuvent constituer une source de plaquettes pour le chauffage en plus de compter pour les SIE.
http://www.journees3r.fr/IMG/pdf/2004_autonomie_04_Capitain.pdf
http://www.journees3r.fr/IMG/pdf/2004_autonomie_04_Capitain.pdf
Bonjour,
Merci pour votre commentaire. La luzerne est entrée dans la rotation de quelques exploitations de la région. Effectivement, elle représente peu de surfaces à l’échelle des Hauts-de-France mais elle devrait se déployer ces prochaines années grâce à la PAC et à cause du réchauffement climatique. Certains groupes ont déjà implanté la luzerne, ils la valorise en enrubannée, d’autres en séchage en grange. Voulez-vous être rapproché d’un groupe ou d’un animateur ?
Dans quel secteur vous situez-vous ?