Focus sur le GIEE ECO-PHYT’ Artois Douaisis

Nous avons le plaisir d’échanger avec Ghislain Leprince, animateur du GIEE ECO-PHYT’ Artois Douaisis, labellisé en 2019: Établissement d’un nouveau système de production grandes cultures plus résilient à bas niveau d’intrants d’origine chimique et irrigation.

“Depuis fin 2017, je suis consultant au sein de Gaya consultants. Nous sommes 4 collaborateurs qui accompagnons les exploitations à la certification HVE, Global GAP, CSP, traçabilité, aspects réglementaires… et plus globalement aux changements.
Je consacre 70% de mon temps à l’animation de l’association ECO-PHYT’ et des 8 collectifs créés dans ce cadre.
Nous sommes également en cours de constitution de 2 nouveaux collectifs émergents: Vivaldi (dans la vallée de l’automne – Oise) et Lait p’air’f transition avec la coopérative “la prospérité fermière” (à Saint Pol sur Ternoise – Nord Pas de Calais). Nous sommes présents en Seine et Marne, et en région Auvergne-Rhône Alpes, où nous accompagnons de la même façon des exploitants.”

le GIEE ECO-PHYT’ Artois Douaisis

Le groupe est constitué de 21 exploitations essentiellement céréalières, légumières et pommes de terre,situées entre Arras, Bapaume, Douai et Cambrai.
Dès le départ, les exploitants investis étaient conscients de la nécessité d’avancer, mais sans imaginer les leviers possibles.

Aujourd’hui ils ont tous, à des échelles différentes, activés des changements: Certains ont testé quelques pratiques, comme la baisse de phytos ou la gestion de l’azote. D’autres ont fait une refonte complète de leur système d’exploitation, en se prenant au jeu. Ils sont venus pour voir, ils ont goûté, ils ont aimé!

On sent cette évolution de façon très forte depuis un an: le démarrage nous a semblé un peu long (malheureusement avec le Covid qui a ralenti nos échanges: réunions et tours de plaine ont été différés). Nous avons senti un déclic fin 2021/début 2022 avec un vrai partage de connaissances et d’expériences, et une transmission entre les agriculteurs dans les formations, les réunions et les tours de plaine.

Parmi les 21 participants, il y a 3 typologies d’exploitants : les fonceurs, les suiveurs et les observateurs. On aimerait parfois que ça aille plus vite mais chacun a son propre tempo.
Au terme de ces 3 premières années, les exploitants sont partants pour continuer à avancer… mais la crise est passée par là et le souci de la rentabilité est prégnant : ils souffrent d’un manque de reconnaissance en termes de rémunération de ces nouvelles pratiques.

Leur attente est de bénéficier d’une reconnaissance technique, mais aussi de récolter le fruit de leur travail qui représente un coût en formation, remplacement, prise de risques, et en investissements (matériels et pratiques).

Le retour économique n’est pas immédiat et devrait être valorisé dès le début des changements.

Leur question est de savoir si la mise en place de ces bonnes pratiques va être prise en compte dans leur rémunération: par exemple, subventions, PSE (Paiement pour Services Environnementaux), contractualisation avec des filières engagées, aides et appuis des collectivités territoriales.

Quelle thématique travaillez-vous?

Nos pistes de travail sont de les aider à avoir une meilleure connaissance de leur sol et donc de leurs parcelles. A partir de là, nous faisons un état des lieux.
Grâce à la grille HVE, nous pouvons mesurer les 4 items : biodiversité, phytosanitaires, fertilisation et irrigation. Ce qui nous permet d’avoir une notation par rapport à un référentiel officiel: on met en avant les points positifs et les points à travailler.

Nous sommes alors en mesure de définir un plan d’action avec des solutions très concrètes comme l’implantation de haies, du biocontrôle ou la mesure de l’efficience de l’azote. Nous allons jusqu’à imaginer l’évolution de sa fertilisation et des pistes pour avoir une meilleure gestion de l’eau.

Une anecdote sympa à nous raconter?

« Lors d’un tour de plaine, nous sommes allés chez un exploitant pour faire un profil 3D. A notre arrivée, ce dernier était persuadé qu’il n’y avait aucun problème chez lui car effectivement, visuellement, tout semblait en règle. Mais au moment de réaliser le profil en profondeur, nous avons pu constater des zones de tassement. Chaque exploitant présent a pu amener sa contribution à la fois à l’analyse, la pose de diagnostic et des propositions de solutions. L’exploitant a été vraiment surpris et intéressé. »

Contact: Ghislain Leprince – Gaya Consultants