Interview de Aristide Ribaucour
GIEE Agreau’ Logic, en Agriculture de Conservation des Sols 

Bonjour Aristide, peux-tu te présenter? 

“Avec mon frère, j’ai repris l’exploitation familiale depuis 4 ans, après un BTS Gestion et Protection de la Nature, avec l’option gestion des espaces naturels qui m’a beaucoup apporté en connaissances de l’agro-écologie.

Sur mon exploitation, ça fait déjà 25 ans que nous sommes en agriculture de conservation du sol (ACS), avec notamment des cultures industrielles comme la betterave. Mon père était précurseur et a développé des techniques innovantes de réduction des phytosanitaires dès les années 90. Il a fait des émules autour de lui et m’a convaincu du bien fondé de ses méthodes. Je continue aujourd’hui de les appliquer, tout en les améliorant bien sûr. Par exemple, nous allons même utiliser des macérations d’ail huileuse pour lutter contre les pucerons verts, à la place des néonicotinoïdes.

Mon parcours est ainsi un atout pour accompagner les agriculteurs du GIEE Agreau’ Logic sur le chemin de l’ACS. Je suis arrivé à la Chambre d’agriculture du Nord Pas de Calais au 1er octobre 2020 en même temps que la reconnaissance du GIEE. Je m’occupe aussi du GIEE Innov’Sol qui sera déposé en mai et j’en ai créé un troisième, le GIEE Sol N Eau où j’ai mis mon exploitation, qui devrait démarrer en émergence en octobre prochain.”

Peux-tu nous présenter le GIEE Agreau’ Logic?

Il regroupe 10 agriculteurs sur le secteur de Cambrai, tous adhérents à la même CUMA . Il a pour objectif de leur permettre de se lancer dans l’ACS malgré le fait d’avoir des cultures industrielles dans leur rotation (betteraves, pommes de terre, endives, pois de conserve…). Aujourd’hui on sait faire sans labourer mais on a des limites par rapport aux cultures d’hiver.

Les agriculteurs sont très motivés pour faire évoluer leurs pratiques et particulièrement intéressés par la dynamique de groupe. 

Nous leur proposons de les accompagner pour remplir les 3 conditions de réussite à la pratique de l’ACS:

  • Réduire le travail du sol
  • Réduite les phytos
  • et utiliser les couverts végétaux au maximum  

Chacun relève le défi de passer une parcelle de son exploitation en ACS. Certains ont même choisi d’implanter en premier une culture de printemps sur 10 à 12 hectares.
J’interviens individuellement pour mettre au point un protocole très précis avec un itinéraire technique le mieux adapté à chaque situation.

Par exemple : 

  • mulchage des couverts d’inter-cultures
  • travail léger du sol avec un outil à dents pour la betterave
  • semis de colza avec du trèfle blanc nain pour avoir une couverture du sol l’été après récolte du colza et un apport d’azote pour la culture suivante

Nous prévoyons d’évaluer l’impact des méthodes déployées sur la matière organique des sols grâce à 3 analyses: une première aujourd’hui (année 0), une deuxième dans 3 ans et une dernière à la sortie du projet dans 6 ans.
Notre but est de connaître la texture et les éléments biologiques du sol. Nous tiendrons une réunion technique sur “comprendre et analyser les résultats de cette analyse”.

Aurais tu une anecdote à nous raconter?

“J’ai été agréablement surpris de constater à quelle vitesse certains se sont appropriés la méthode de travail proposée : ils l’ont déjà adoptée pour d’autres parcelles non prévues initialement dans l’expérimentation, également pour des cultures de printemps!

Un peu réticents au départ, ils ont vite constaté les résultats en l’espace de quelques semaines et leur prise de décision a été ultra-rapide. Ce qui me réjouit!” 

Contact: Aristide Ribaucour, Chambre d’agriculture Nord-Pas de Calais