blog_ecophytoLe projet System Eco Puissance 4 repose sur un réseau coordonné de 4 sites expérimentaux en France, contrastés du point de vue pédoclimatique et du contexte agricole. L’objectif est de tester la faisabilité technique d’une baisse importante de l’usage des produits phytosanitaires, en particulier les herbicides, d’en évaluer les impacts sur les aspects économiques, organisationnels et environnementaux (transferts des phytosanitaires vers l’air et l’eau) et de valoriser les acquis auprès du développement agricole, des agriculteurs et de l’enseignement. L’UE GCIE de l’INRA et Agro-Transfert Ressources et Territoires coordonnent le dispositif picard, avec l’appui d’un comité technique ouvert aux partenaires régionaux. Deux types de systèmes de culture sont testés, un système betteravier et un système SCOP en non-labour. Pour chaque système, trois modalités sont présentes : référence (agriculture raisonnée), Ecophyto 1 qui vise une réduction de 50 % d’IFT Herbicides sous la référence régionale (1,9) et Ecophyto 2 visant 70 % de réduction. Pour atteindre ces réductions, la reconception des systèmes mobilise de nombreux leviers agronomiques pour réduire en amont la pression en adventices. Certains sont bien connus comme la diversification des cultures, le labour, les faux semis, le décalage des dates de semis alors que d’autres sont plus innovants comme les associations de cultures, le semis sous couvert… Le désherbage combine des techniques mécaniques et chimiques en adaptant le choix des produits à la flore. L’objectif est de maintenir des parcelles propres dans la durée. Les premières années donnent des résultats encourageants, en particulier sur les systèmes betteraviers avec un IFT herbicides moyen sur les 3 années compris entre 0,79 et 0,99 et des parcelles propres. Une parcelle de blé n’a pas été désherbée chimiquement la première année sans que cela n’ait d’impact les années suivantes. En betteraves, la combinaison du désherbage chimique sur le rang et du binage permet de réduire de manière significative la quantité d’herbicides appliquée. Sur les systèmes SCOP, l’année 2014 fut marquée par une implantation difficile du blé après la récolte du maïs en conditions humides, suivie d’une forte pluie après le semis. Cela a compromis l’efficacité des désherbages mécaniques et chimiques, entrainant une forte présence d’agrostis dans la parcelle. Suite à cela, un nombre important de faux semis a été réalisé pour éliminer au maximum les graines d’adventices produites. Il faudra être vigilant dans les années à venir. Article co-écrit par Sébastien Darras, INRA UE Grandes Cultures Innovation Environnement et Jérôme Pernel, Agro-Transfert Ressources et Territoires